RESSOURCES DU VILLAGE.
RESSOURCES DU VILLAGE.
Le village de Tigounatine à son apogée était plus peuplé aujourd’hui, et cela même quelques années après l’indépendance, en 1962. À l’époque, les habitants ne mangeaient pas toujours à leur faim, ils consommaient uniquement les produits qu’ils récoltaient de leurs lopins de terre, notamment les céréales, avec lesquelles ils préparaient exclusivement des menus typiques kabyles. Ils consommaient aussi des herbes de différentes natures comme la caroube (crue et en farine) et autres. Les productions les plus importantes de la région étaient l’olive, la figue, et d’autres produits d’arboriculture. En bien des endroits, la figue suffisait à peine à la consommation locale. Quant à l’olive, la récolte - selon les années - était soit déficitaire, soit en excédent, dans ce cas les villageois procédaient au troc pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ils se déplaçaient jusqu'à Sétif et ses environs à dos d’âne ou de mulets pour échanger les fruits de leurs jardins qu’ils récoltaient. Chacun possédait une petite parcelle sur l’une des deux rives de la rivière « oued Bousselem ». Ces produits étaient principalement des raisins, grenades, poires, figues fraiches (transformées par la suite en figues sèches). Ils produisaient de l’huile d’olive en grande quantité, ce qui était leur principale ressource à l’époque. Dans les ressources du village, on peut ajouter un équipement non négligeable, un moulin à eau collectif qui servait à moudre les grains (orge et blé). Ce moulin rapportait un bénéfice de 10 % de son rendement aux ayants droit du village, ou plus exactement aux propriétaires du terrain sur lequel passait le ruisseau qui faisait tourner le moulin à grains. Cette prestation était assurée au profit des villageois limitrophes, jusqu'à 50 km à la ronde. Ce moulin à énergie hydraulique était en forme de turbine à deux meules : l’une supérieure, tournante et écrasante les grains sur une autre meule fixe, ou inférieure. L’arbre vertical était entrainé par l’eau du ruisseau qui coulait en amont. Pour augmenter la force motrice du courant, une chute d’eau se déversait sur les pales placées en dessous du moulin. Son entretien était assuré quotidiennement par le meunier aidé, à tour de rôle, par les exploitants. En fin de semaine, il procédait au partage de la semoule amassée durant ce temps. Le partage des parts s’effectuait avec une unité de mesure spécifique appelée « aghalzim » ou « pioche ». Le nombre de « pioches » qui revenaient au chef de famille variait entre ½ et 2 pioches. Cette mesure était directement proportionnelle à la distance de la parcelle traversant le ruisseau ou « sed ». Le village possédait à l’époque des moulins hydrauliques à trois, deux, et une paire de deux meules. Ils étaient installés, respectivement à Barouale, à Taghzouith et à Zaatar. De manière certaine, ces moulins avaient été créés et étaient utilisés dès l’antiquité.
Avec les nouvelles technologies, cela n’est plus le cas de nos jours.Une autre ressource du village non négligeable mérite d’être mentionnée. En effet, chaque famille possédait une à quatre chèvres qui leur donnaient à la fois du lait, du beurre, du petit-lait et du lait caillé. De plus, les peaux des chèvres étaient utilisées pour divers usages, dont la confection de tapis, la conservation de divers produits et le transport de l’eau potable de la fontaine de Freha en gourdes permettant d’alimenter en eau les moissonneurs en été. Parfois, ces peaux étaient utilisées pour la fabrication, le montage, et la réparation des tambours, des cornemuses, et des percussions « Thizamarine ». La peau de chèvre se transformait en « ayadidh », gourdes de grande taille servant principalement au transport d’eau et de l’huile, ou en « thazaaloukth », réserves d’eau - souvent suspendues sur un piquet en acier ou en bois -, dans laquelle on buvait directement selon le besoin. Elles étaient scellées devant l’entrée des maisons. Pour assurer au quotidien le pâturage des chèvres, les villageois regroupaient leurs bêtes en un troupeau « ajemaa ». Ils engageaient un berger annuellement pour s’en occuper. Ce berger ou chevrier assurait donc la conduite et la surveillance du troupeau de chèvres dans la montagne et prodiguait des soins aux animaux si nécessaires. Le troupeau sortait deux fois par jour, tout en prenant soin de ne pas détériorer l’environnement et la nature. Le berger choisissait le parcours à emprunter chaque jour avec le troupeau afin de préserver les pâturages. Exceptionnellement, il pouvait être amené à assurer la mise bas des chèvres. Conscients de la complexité des tâches du berger, les propriétaires l’accompagnaient dans sa garde à tour de rôle, à raison d’une journée par chèvre. À chaque fois que les chèvres étaient lâchées de la maison par leurs propriétaires, elles se dirigent directement vers le troupeau. A leur retour de pâturage de la même manière, elle regagnaient seules leurs maisons respectives. Aucune ne se trompe de maison ou de route ! Certainement ce qu'on appelle l'instinct animal..
Calebasse ou Thafaklouchth en kabyle : sert à
transformer le lait caillé en beurre et en petit lait si apprécié par le peuple
kabyle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire