LE
VILLAGE TIGOUNATINE AUJOURD’HUI.
Le village va de plus en plus mal depuis quelques années. Lors de l’été 2018, il n’y avait plus une
seule goutte d’eau dans la fontaine publique ni dans les robinets des ménages.
Les habitants ont été contraints de s’approvisionner en eau non potable au
moyen de citernes à 1200 DA ! Les villageois en étaient réduits à
rapporter l’eau potable depuis la source de Freha, située à une distance de
cinq kilomètres. Ils transportaient l’eau à dos d’âne, comme pendant le temps
colonial. Pendant ce temps, les ingrats - ou plutôt les improductifs -
passaient leurs vacances en famille à l’étranger, dans des grands palaces avec
piscines, aux "frais de la princesse", de surcroît un repos non
mérité… Quel gâchis ! Au problème du manque d’eau s’ajoute l’absence
d’asphaltage ou de bétonnage des ruelles du village. Autre souci, plusieurs
départs de feux ont eu lieu ces dernières années, non loin du village, sans que
les agents de la protection civile puissent intervenir en raison de l’inexistence
de pistes forestières. En l’absence de pistes, les gens ne peuvent pas se rendre dans leurs champs, ou construire
leurs maisons, en utilisant des moyens mécanisés. D'une part, des problèmes
structurels criants sont dommageables aux habitants du village pour leur
assurer une qualité de vie minimale telle que le manque d’assainissement, le
manque de lumières publiques nocturne, l’absence de poubelles publiques et de
ramassage des déchets ménagers. D’autre part, les maisons vétustes risquent à
tout moment de s'effondrer sur les passants - notamment en hiver… Il n’y a
aucun embellissement pour rendre le village plus plaisant, comme ailleurs dans
les autres villages kabyles. Pour résumer, il n’y a aucune prise en charge
réelle et efficace de ces problèmes de la vie courante, ni par les autorités
compétentes en la matière, ni par les concitoyens locaux, ou émigrés.
Cependant, quelques actions ponctuelles - et avec peu d’intérêt - ont été
prises en charge par l’association du village telles que : les divers forages
qui fonctionnent d’une manière aléatoire, la construction d’une maison de
l’imam qui ne s’achève jamais (certainement par manque de moyens). Sur cette
construction, on peut se poser la question : pour quelle utilité ? Il
est à déplorer que l’association du village de Tigounatine fonctionne avec
nonchalance.
À tout cela, s’ajoute un taux de chômage défrayant les
chroniques en avoisinant les 100 %.. Par manque de moyens les plus rudimentaires, le village
Tigounatine est quasiment déserté. À l’époque, le nombre d’habitants dépassait
largement les 500 âmes. Actuellement, on compte environ seulement une douzaine
de familles ce qui représente une cinquantaine de personnes qui y demeurent en
permanence. Seuls trois enfants sont scolarisés - dont deux qui ne sont pas
originaires du village. Tigounatine possède une densité par habitant au
kilomètre carré la plus réduite des environs – densité avoisinant celle des
villages du Sud. Même si quelques personnes tentent de construire leurs maisons
- souvent grâce à l’aide de l’état avec principalement la formule
« construction rurale » -, le village offre un paysage désolant. Il
est enregistré beaucoup plus de maisons tombant en ruine que celles qui
résistent encore. Cela est dû, pour la plupart, aux conséquences des bombardements
par l’aviation française. D’autres sont tombées par un phénomène naturel -
notamment lors du séisme qui a secoué la région en 2005. Les dégradations des
habitations sont également dues aux intempéries, et à l’absence d’entretien et
de restauration par les propriétaires. Les jeunes vivent – ou plutôt survivent
- au jour le jour, souvent à la charge des parents. Heureusement que certains
de ces derniers perçoivent des modestes pensions vieillesse, soit de France,
soit de la caisse de retraite algérienne. Une autre minorité vit de
l’agriculture, principalement de l’oléiculture, ou en exécutant des petits
travaux par-ci par-là.

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