LE LABOURAGE D’ENTRETIEN A L’ANCIENNE OU AMIYAL /TAYARZA.

 LE LABOURAGE D’ENTRETIEN A L’ANCIENNE OU AMIYAL /TAYARZA.

 Le labourage est un processus qui consiste à retourner la terre en utilisant des outils tels que la bèche, la houe et la charrue. Cependant, dans notre région où les terrains sont souvent difficiles à labourer en raison de leur relief rocheux et escarpé, cette tâche est plus complexe qu'ailleurs. Nos ancêtres utilisaient des charrues traditionnelles en bois dur tirées par des bœufs ou rarement par des ânes et mulets pour travailler les champs, spécialement conçues pour les terrains montagneux.

Le labourage d’entretien sert à aérer le sol, favoriser le drainage, couvrir les résidus des cultures précédentes et ameublir la terre pour favoriser la croissance des plantes. En plus, il permet de désherber en enfouissant les mauvaises herbes, généralement après la saison des pluies au printemps.

Malgré les avancées de l'agriculture moderne, une minorité d’agriculteurs kabyles préfèrent labourer leurs terres de manière traditionnelle pour des raisons économiques, maintenir le lien avec leurs ancêtres et les traditions locales. Même si des équipements modernes sont utilisés un peu partout dans le monde, ces rares agriculteurs continuent de privilégier les méthodes ancestrales. Lors du travail, la paire de bœufs travaillaient côte à côte avec une incroyable harmonie, témoignant d'une profonde compréhension entre l'homme et l'animal. 

LES OUTILS TRADITIONNELS DE LABOURAGE

La charrue : Fabriquée en bois dur, elle est composée de Thisilats et Athémou, formant la structure principale de la charrue.

Azoughli : est une pièce en bois légère attachée à la tête de deux bœufs pour tirer la charrue. Elle est entourée de chaque côté par une couche épaisse d'osier pour alléger la charge des animaux pendant le travail.

Athémou : Partie de la charrue utilisée pour attacher l'attelage, généralement des bœufs de trait, et pour diriger l'outil dans le champ.

Thisilhats : Partie principale de la charrue kabyle, elle relie plusieurs pièces ensemble, assurant la solidité de l'outil.

Anzel ou Chéfra : Permet de diriger les bœufs et de nettoyer Thisilats au besoin.

Agébadh : Lanière en cuir utilisée pour attacher l'maoun (partie de la charrue) avec azoughli (partie attachée aux bœufs).

Taflouyth : Assure la solidité de la structure de la charrue en reliant les différentes parties entre elles.

Thikhlaline : Il est intéressant de noter que tout au long de leur travail, les deux bœufs travaillaient cote à cote de manière synchronisée sans changer de position. Durant toute leur vie. De manière surprenante, ces animaux montrent une grande capacité à comprendre les instructions du paysan.

Amakhtal : Utilisé pour retourner la terre lors du labourage.

Al Mandjar : Ajuste l'angle de labour pour s'adapter aux pentes et aux terrains irréguliers.

Thiskhoukhine : Poignées situées sur athémou, elles permettent à l'agriculteur de contrôler la direction de la charrue et d'exercer une pression pendant le labourage.

Thikhmamine : Empêche les bœufs d'arracher les branches d'arbre pendant le labourage.

Thazdouzth ou cale : Permet de régler la profondeur du sillon.

 Thaghoursa : Cette partie de la charrue participe au processus de labourage en pénétrant dans le sol pour le travailler. Le soc, généralement en métal, peut avoir différentes formes selon le type de sol et de culture.

Ces outils traditionnels symbolisent un savoir-faire agricole hérité de nos ancêtres, mais leur efficacité est désormais obsolète. Malgré tout, ils demeurent un symbole de l'ingéniosité des agriculteurs kabyles d'autrefois et devraient être préservés et valorisés en tant que patrimoine culturel et agricole de la région.

Les anciennes méthodes de travail et de vie dans la région de la Kabylie étaient simples et traditionnelles, principalement axées sur l'agriculture. Les habitants consacraient une grande partie de leur temps à cultiver leurs champs et à élever du bétail. Les tâches quotidiennes étaient laborieuses et exigeaient beaucoup d'efforts, avec les femmes s'occupant principalement des tâches ménagères, de la cuisine, de la culture et de la prise en charge des enfants et des animaux domestiques.

Malgré les défis de la vie quotidienne, la communauté était unie et solidaire, se soutenant mutuellement en cas de difficultés. Les habitants étaient fiers de leur culture et de leurs traditions, et leurs ressources étaient limitées mais diversifiées, principalement basées sur l'agriculture et l'élevage. Ils cultivaient des céréales, des olives et élevaient du bétail pour leur propre consommation et pour la vente sur le marché local. En moyenne, chaque famille possédait un mouton, des poules, des coqs, un âne ou un mulet pour le transport, et une paire de bœufs pour labourer les champs. En fin de saison, les bovins étaient envoyés en transhumance vers d'autres régions en échange de fruits, d'huile et d'autres produits dans un système de troc.

A l'époque coloniale, le village tigounatine possédait approximativement quarante paires de bœufs, ce qui était significatif. Aujourd'hui, les dix villages du douar tigounatine ont environ six paires de bœufs au total. Chaque famille du douar avait en moyenne trois chèvres pour leur lait et autres produits, car elles sont mieux adaptées à l'environnement montagneux et rocheux des villages. L'activité artisanale n'est pas très développée en petite Kabylie comme en grande Kabylie, se limitant à la fabrication d'outils rudimentaires utilisés pour les besoins personnels, tels que les outils de labourage similaires à ceux de l'ère préhistorique, les récipients en argile et peaux d'animaux, les manches en bois, les métiers à tisser les burnous, et les ustensiles de cuisine, entre autres.

En résumé, la vie dans les villages du douar de tigounatine était simple mais pleine de défis et de difficultés. Les habitants de l'époque étaient attachés à leur communauté et à leur mode de vie traditionnel. Avec des ressources limitées mais diversifiées, ils parvenaient à répondre à leurs besoins de base et à gagner leur vie. Cette existence illustre la résilience et la force des Kabyles, qui ont su surmonter les difficultés au fil du temps et s'adapter à leur environnement. Malgré les nombreuses incursions subies, les Kabyles ont réussi à maintenir leur sécurité et leur stabilité à travers les siècles, démontrant ainsi leur statut de guerriers. Bien que leur langue ne soit pas écrite, ils ont préservé leur langue, leurs traditions et leurs coutumes au fil du temps. La gestion de leur communauté selon les principes de la tajemahth montre qu'ils étaient en avance en matière de démocratie.

Aujourd'hui, les champs sont négligés et abandonnés, sans aucun signe d'entretien ou d'activité agricole. La végétation dense et les mauvaises herbes ont envahi l'espace, étouffant les champs et éliminant la fertilité du sol. Les mauvaises herbes ont envahi les champs, créant un environnement non propice à l'agriculture. Les broussailles et les arbustes se sont multipliés, rendant l'agriculture impossible. Cette négligence des champs peut être due à divers facteurs tels que le manque de ressources, le désintérêt des propriétaires, la migration des jeunes vers la ville encouragée par l'État avec des logements sociaux, les conditions climatiques défavorables ou les difficultés économiques. Les arbres ont envahi les chemins, bloquant le passage des personnes. La végétation luxuriante a recouvert les sentiers, les rendant difficilement accessibles voire impossibles à certains endroits. Les branches se sont entrelacées, formant des obstacles infranchissables. La nature a repris le contrôle de son territoire, transformant les chemins autrefois fréquentés en véritables jungles végétales.

Quelle que soit la raison, la triste condition des champs met en lumière la nécessité d'intervenir pour revitaliser cette zone agricole et rétablir sa fertilité. Il est regrettable de constater l'abandon dans lequel se trouve cet environnement autrefois prospère et vivant. Il est essentiel de restaurer sa splendeur passée et de prendre des mesures pour soutenir et raviver ces régions négligées, afin de préserver notre héritage culturel et d'améliorer la qualité de vie des rares habitants restants. Sans cela, le village et ses alentours risquent de devenir un sanctuaire pour la faune sauvage, où prospèrent les sangliers, les chacals, les hyènes et autres animaux sauvages. Les responsables locaux et les habitants ont négligé notre village au point que nous ne disposons même pas de pistes agricoles pour accéder à nos champs, contrairement aux villages voisins qui possèdent un réseau étendu de voies d'accès. Nos ancêtres chérissaient jadis cet environnement bien-aimé, et s'ils revenaient à la vie, ils seraient bouleversés et retourneraient immédiatement dans leurs tombes.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

ORGANISATION ADMINISTRATIVE DU DOUAR TIGOUNATINE.

FÊTE DE FORAGE D'EAU POTABLE A TIGOUNATINE

CONTEXTE DU VILLAGE TIGOUNATINE.

CEUX QUI ONT ÉTÉ SACRIFIES PAR LA RÉVOLUTION ALGÉRIENNE.

PISTE FORESTIÈRE.

RESSOURCES DU VILLAGE.

LA MAISON KABYLE ET SON ENVIRONNEMENT.

LA CUEILLETTE DES OLIVES A TIGOUNATINE ET FREHA Année 2022

LA VIE QUE MENAIENT NOS PREDEESSEURS.